Dostoïevski amoureux dans la prestigieuse revue "Etudes" n°419
http://www.cairn.info/revue-etudes-2013-10-page-407.htm
Alain Durel, Dostoïevski amoureux, Éditions de l’œuvre, 245 p, 20 €
"La tonalité romanesque de
cette biographie authentique nous dévoile les conceptions du grand écrivain sur l’amour durant sa période de fécondité littéraire. L’auteur imagine l’évocation de souvenirs lors d’une
conversation à Yalta, vers 1918, entre la flamboyante maîtresse Apollinaria et l’épouse admirable Anne. Contraint de rester en Sibérie après l’épreuve du bagne, Dostoïevski s’éprend d’une
jeune femme intelligente dont la fragilité lui rappelle sa mère. Les déceptions sentimentales succèdent aux joies du mariage, car les récriminations de Maria contre la précarité persistent malgré le retour
en Russie et le succès de la publication de Souvenirs de la maison des morts. La pitié et la tendresse ne suffisent pas à retourner une entente physique fuyante. Sa sexualité débordante pousse Dostoïevski dans
les bras d’Apollinaria, nihiliste experte en érotisme, tandis que Maria se meurt de phtisie. Ce sont trois années de folle passion, entre relations charnelles exacerbées par la jalousie et tentation de la roulette. Au moment de la
rédaction du premier de ses cinq grands romans, Crime et Châtiment, Dostoïevski décide d’embaucher une sténographe qui se révèle une excellente collaboratrice. Quelques mois plus tard, le fin psychologue
de 45 ans épouse la jeune fille de 20 ans qui lui donnera quatre enfants, dont deux mourront en bas âge. Durant un long tour d’Europe où l’écrivain engrange images et thèmes de romans, Anna parvient à le
guérir de sa manie du jeu avec une habileté surprenante. Comprenant sa quête d’harmonie sexuelle et d’émotions spirituelles, elle lui procure un épanouissement familial dans une ambiance d’entente physique
et de communion sentimentale. C’est un « ange gardien » qui gère la totalité de sa maison et lui permet de se consacrer à son œuvre. Le jour de sa mort, Dostoïevski remercie sa femme « de
la vie heureuse qu’il a passée à ses côtés ».
Jean Duporté